Cette gravure de Jan van Londerseel connaît un grand succès auprès de différents peintres, et pourtant… elle est elle-même une copie. En effet, la première représentation de cette basilique Saint-Jean-de-Latran passablement imaginaire est due au peintre peu connu Hendrick Aerts. La gravure de Jan van Londerseel permet sa popularisation par le biais d’artistes plus connus, comme Pieter Neefs I et Hendrick van Steenwijck II. Cette popularité peut s’expliquer par la guerre des images que se livrent alors catholiques et protestants. En effet, les représentations d’intérieurs d’églises sont avant tout une réaction de la Contre-Réforme catholique, suite à la crise iconoclaste qui éclate dans les années 1560, lors de laquelle certains protestants détruisent des représentations religieuses par souci de revenir à un plus grand dépouillement. Toutefois, les protestants s’emparent eux aussi de ce thème : la gravure de Londerseel présente ainsi un clair message anti-papiste dans le texte de la margelle. Cette prise de position disparaît sous le pinceau d’autres peintres, par exemple dans la version de Valenciennes, où le pape Adrien VI apparaît à nouveau de manière respectable sous le dais à gauche.