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La copie, loin de la seule image du faussaire, possède une longue tradition et une vraie dignité en histoire de l’art. En se penchant sur les copies qui peuplent ses collections, le Musée des Beaux-Arts propose un dialogue croisé entre les collections de Valenciennes et celles des plus grands musées dans le monde.  

Aussi ancienne que la création, la pratique de la copie artistique résonne souvent de manière ambiguë, car elle pose la question de l’original. En effet, la copie se veut imitation fidèle de l’original : dès lors, qu’est-ce qui la distingue d’une démarche d’escroquerie ? Les termes mêmes de « copie » ou « copieurs » sont négatifs dans le langage courant, rappelant la contrefaçon ou le plagiat. 

Et pourtant, le copiste n’est pas faussaire, ou du moins, pas toujours. La copie peut vouloir abuser l’acheteur crédule : on parle alors d’un faux ; mais la copie peut aussi s’afficher comme telle, avec la mention « d’après ». C’est en fait l’intention qui distingue le copiste du faussaire.

Mais alors, à quoi bon copier ? Cette question est surtout pertinente aujourd’hui, dans notre monde saturé d’images, qui voit un nombre infini de reproductions numériques des œuvres originales. Jusqu’à l’invention de la photographie, toutefois, les moyens de reproduction industriels sont inexistants, ou alors limités aux moyens de l’estampe. Dès lors, la copie permet la diffusion des œuvres… et parfois leur sauvegarde lorsque l’original est détruit : seule la copie nous permet de connaître bien des œuvres disparues depuis l’Antiquité, comme le célèbre Groupe du Laocoon.
À certaines époques, certains thèmes iconographiques deviennent des modèles qui circulent entre artistes, et qui font l’objet de nombreuses déclinaisons, pas réellement perçues comme des copies : l’original n’est pas porteur de la même importance qu’aujourd’hui. C’est par exemple le cas dans la peinture flamande, où circulent des thèmes comme les « singeries » ou « le roi boit ».

De la même manière, si l’on achète aujourd’hui des reproductions imprimées, les copies marchandes ont longtemps été commandées à d’autres artistes : un moyen d’avoir chez soi la Joconde. 

Il est toutefois un autre acte de copier, essentiel pour tout artiste jusqu’à aujourd’hui : il s’agit de la copie des maîtres au cours de la formation artistique. S’inspirer de ses illustres prédécesseurs permet de se forger la main.

À Valenciennes, l’important fonds de Jean-Baptiste Carpeaux permet de se plonger dans sa pratique de la copie comme acte formateur. Ses carnets de croquis permettent de suivre ses visites au Musée du Louvre, presque salle par salle, et l’on retrouve sous son pinceau les plus grands maîtres : Michel-Ange, Rubens ou encore Rembrandt. 

Enfin, il faut sans doute réhabiliter la copie comme œuvre d’art à part entière : la copie manuelle ne peut jamais être parfaitement fidèle, et cet écart par rapport à l’original peut aussi constituer une marge de création et de réinterprétation. Nombre d’artistes s’emparent ainsi d’œuvres d’autres artistes pour mieux leur rendre hommage et se les approprier, parfois en les détournant.